Voici mon récit concernant mon entrée dans la confrérie en ce jour du 30 Juillet 2008, ça a été plus laborieux à faire que monter les 4 faces du Colombier... Je suis content d'avoir Réaliser ce deuxième défi, ça parait facile au début, mais en fait ce n'est pas facile du tout alors que faire les 4 montées ça parait insurmontable avant le départ et au final on y arrive sans trop de problèmes...
11 ans
Pour moi, un grand amateur de vélo en montagne, mon histoire avec le Grand Colombier a commencé le 06/07/1997 par Anglefort, puis j'y suis revenu plusieurs fois par an, souvent au printemps souvent par Culoz ou Anglefort pour préparer les brevets montagnards et m'acclimater à la chaleur, pour être prêt le jour J.
J'ai fait aussi les 2 autres cotés plusieurs fois et le coté ouest le moins difficile dans le cadre du BRHB version 2005 et 2007...
Puis, 11ans après ma première grimpée, je me décide enfin à tenter les 4 cotés. Ce sera pour mes congés d'été 2008. J’ envoie donc le formulaire dans le but d'être « Grand Maître », je suis tout à fait capable de réussir surtout que durant mes participation aux brevets montagnards, j'ai souvent croisés des "GRAND-MAITRE" qui étaient bien plus vieux et moins rapides que moi dans les cols et qui eux ont réussis...
Dans l'attente de recevoir ma carte de route, je reconnais pour me rassurer une dernière fois la montée du Grand colombier par le coté "abominable" de Virieu le petit. C'est celui où je ne suis arrivé qu'une seule fois à grimper sans mettre pied à terre, il faut dire que j'avais un 39x26. Il faut un gros cœur pour supporter le choc. Les autres fois, j'ai dû mettre pied à terre et pousser le vélo, avec le sentiment de subir une grosse désillusion, comme à l'époque les coureurs du tour de l'avenir (Les jeunes coureurs pro qui avaient un 42x24 ont fait honneur au Grand Colombier en montant à pied… !). C'est la raison pour laquelle, j'ai attendu plus de 10 années avant de me lancer le défi de faire les 4 faces du géant du Jura dans la journée. Maintenant, j'ai un compact avec un 34x27, c'est plus facile et ça m'a permis de ne plus exploser dans le mur au dessus de VIRIEU LE PETIT.
Pour parfaire ma condition, je passe 4 jours à Albertville avec au menu le Semnoz ,le col de la Forclaz en passant par Montmin, le Cormet de Roselend par Bourg Saint Maurice, le col de la Forclaz de Queige, le col de l'Epine en passant par Marlens, le col de Tamié, le col de la Madeleine par la Chambre et la montée sur Valmorel ...
Le lendemain de mon retour d'Albertville, je trouve ma carte de route dans ma boite aux lettres accompagnées du Road book. Maintenant je vais faire comme les marins , attendre la fenêtre météo pour augmenter mes chances de réussite et prendre un maximum de plaisir à rouler. L’attente ne sera pas longue, je reçois la carte le lundi 28 juillet et la journée la plus propice à mon goût est le mercredi 30 juillet avec du soleil, très peu de vent, une pointe de chaleur et un risque d'orages en fin de journée...
Le point de départ sera "Artemare", car c'est la ville la plus proche quand on vient de l'ouest et c'est aussi le coté qui me fait peur...
Le mercredi 30 juillet vers 3H45, je me lève, absorbe un bon petit déjeuner, applique la crème solaire afin de ne pas cramer inutilement puis charge le vélo dans la voiture et direction Artemare au départ de Macon.
Arrivée à Artemare, je sors le vélo de la voiture et range dans ma sacoche de guidon le ravitaillement de la journée et la poudre énergétique. Normalement, le ravitaillement prévu doit être suffisant et je n'oublie pas non plus le gore-tex que je range dans la poche arrière de mon maillot car il n'y a plus de place dans la sacoche.
Un tout petit peu avant 7H, après avoir utilisé la pince de pointage, je me lance , comme prévu et conseillé par le road-book , d'Artemare, la température est agréable (18°), le vent est nul. Pour me motiver ? car je ne suis pas accompagné, je mets en route le chronomètre, et c'est parti. Les pourcentages pour commencer sont très raisonnables et on peut faire un vrai échauffement jusqu'à Virieu le Petit. A Virieu le Petit, on tourne à droite et c'est là que commence les choses très sérieuses sur 4.5 km , que je connais bien. Je mets mon plus petit développement (34x27), je ne cherche pas à avoir de braquets de réserve, je préfère "mouliner" et me ménager au maximum avant d'attaquer le "mur" et les 2 grosses rampes qui précèdent. Je crois que j'ai eu raison, je passe bien le mur, la vitesse est aux alentours de 7.5km/h au plus fort de la pente et j’arrive au carrefour avec la route de Lochieu sans avoir laisser trop d'énergie. Le replat arrive puis j’aperçois la grande croix et le sommet apparaît après 1h13mn et 54s. Je poinçonne ma carte de route avec la pince qui se cache derrière le panneau "GRAND COLOMBIER". J'ai bien géré ma montée, je suis toujours motivé à continuer. J' enfile mon Gore-tex et descend prudemment vers Culoz, la descente n'est pas très reposante, par moment c'est un peu tape-cul, et il y a le passage en S qui est très difficile, puis juste avant la fin de la descente au niveau du stop à droite, il a la pince pour pointer. Je continue jusqu'au Boulodrome de Culoz pour remplir les bidons et je sort le ravitaillement de ma sacoche.
Je m'engage à 9H07 pour ma deuxième montée, après 1H22mn 42s j'arrive au sommet.
Ma motivation reste intacte et je me dirige vers Anglefort après une descente sur les freins sur 15km. Je me restaure et remplis mes guidons dans le petit square indiqué dans le road-book. Maintenant il est 11h20 et la température avoisine les 30°, il va falloir bien gérer cette montée, essayer de boire régulièrement et de bien faire tourner les jambes. Je ne prends pas de risques, je mets le plus petit développement, et je parts pour une partie de moulinette jusqu'à la Sapette. Une fois la Sapette passée, la pente est moins forte, la température change ainsi que le paysage. J’ arrive au sommet, il est alors 12h35 et les sensations sont toujours bonnes, je me dirige alors vers Champagne.
Il est 13H40 quand je repars, la température est autour de 30°, je rempli à nouveau mes bidons pour ne pas manquer d’eau. Au fil des kilomètres, je suis de plus en plus euphorique à l'idée de devenir Grand Maître, et à 14H57, j'arrive au sommet, puis entame avec prudence la descente sur Artemare. Je choisis sans hésiter l'option conseillée dans le road book à savoir rejoindre Virieu le Petit par le hameau des Bordèzes même s'il y a plus de kilomètres et un petit dénivelé supplémentaire. A mon avis, c'est en prenant la descente directe sur Virieu que le terme de « fêlé » prend tout son sens….
Au final :
J'ai mis 1H13mn54s par Artemare
1H22mn42s par Culoz
1h14mn48s par Anglefort
1h17mn34s par Champagne
En tout cas pour moi, pendant le parcours, tout s'est bien passé, les jambes, le coeur, le mental, le vélo, la météo ont été rendez vous.
A l'arrivée, je suis très fier d'avoir accompli un tel parcours sans galérer, et de faire partie du club de la petite quarantaine de cyclos ayant réalisés les 4 ascensions en moins de 1h30 chacune...
Je reste aussi admiratif pour ceux et celles qui ont réussi leurs ascensions duGrand colombier sans prédisposition physique particulière et qui sont arrivés parce qu'ils se sont préparés et ont puisés dans leurs ressources mentales et physiques pour accomplir, pour un grand nombre, le défi de leur vie.
Quand à la rédaction de ce récit, n’étant pas un professionnel de l’écriture, le temps pour le réaliser a été laborieux et beaucoup plus long que mes 4 montées réunis, en effet je suis plus à l’aise sur les pentes du Grand Colombier que devant ma page blanche à essayer de hisser et coordonner mes idées.