Un anglais a l'assaut du Grand Colombier

 

Cher Chef  Fêlé,

J’ai réalisé deux ascensions hier et j’espérais devenir le premier fêlé Anglais mais après avoir consulté la liste je vois que je n’en serai que le deuxième et que le premier est, en plus, Grand Maître. Mais je suis un « faux » Anglais (tout en ayant gardé la nationalité) car je vis à Lyon depuis plus de vingt ans.

 

Voici le récit d’une très belle journée.

J’avais ma carte de pointage depuis deux ans mais n’avais pas trouvé le moment propice (ou le courage) de le faire. Hier c’était le bon jour. Prévisions météo : Beau temps sans grosse chaleur et ma dernière semaine de liberté avant de reprendre le travail. Je me suis rendu à Artemare avec un copain (un triathlète Lyonnais de 57 ans mais que moyennement entraîné en vélo)  et nous nous sommes garé en face du bar « Le Stadium ».

La première ascension prévue était par Anglefort. La vingtaine de bornes pour se rendre dans le village constituait un parfait échauffement. J’ai poinçonné ma carte (deux fois d’ailleurs) et nous avons attaqué la route. Je craignais cette montée après avoir consulté le profile mais finalement elle n’est pas si terrible que ça car la pente « tombe » souvent (d’après mon compteur altimètre qui semble assez précis) à 7/8% sur ce qui permet de se reprendre un peu. Je garderai néanmoins un souvenir du passage après le lieu-dit « Bezonne » car mon altimètre a affiché 15%. Jusqu’au passage de 14% avant La Sapette nous n’avons vu aucune voiture. Lorsque que nous étions dans la plus dure de la pente j’ai entendu l’arrivée de plusieurs voitures. C’était un « convoi » de décapotables avec des plaques...anglaises. J’ai attendu mon copain qui était à une trentaine mètres derrière.  « T’as vu encore des anglais ».  « Oui » il me répond. « J’en un qui me fait souffrir à vélo et d’autres qui ont failli me faire tomber. On est emm…é partout par les rosbifs ». Ils ne conduisaient pas du tout de façon dangereuse mais quand on est à 7 km/h en plein effort et on se fait doublé par une voiture !!

Nous sommes arrivés en haut encore assez frais. Je n’avais pas envie de m’arrêter à l’auberge et j’avais oublié qu’il y avait une pince derrière le panneau. Je joins, donc une photo pour la bonne règle.  Au fait il serait peut être temps que la DDE rénove le panneau altimétrique. (NDLR: cela sera fait quelques jours plus tard...)

Nous sommes redescendu par Culoz avec un petit arrêt au Fenestrez. La vue y est à couper le souffle mais descendre sur la plateforme avec des chaussures à cales est  périlleux !! Je me suis « payé » un caillou dans la partie la plus pentu vers la falaise qui a provoque un guidonnage important mais heureusement je ne roulais qu’à 40 km/h et j’ai pu rattraper ma trajectoire. On a été prévenu mais une frayeur tout de même .

La deuxième ascension prévue était celle de Champagne. Nous sommes retournés à Artemarre et avons pris un verre au bistrot.  Il était midi passé et il commençais à faire chaud en plein soleil.  « Et si on montait par Virieu-le petit ? » je lui ai dit. « Ça nous fera gagner au moins 5 bornes. Quitte à souffrir autant que ça dure le moins longtemps que possible ». On est partie d’Artemare à midi et quart en plein cagnard. Dès la sortie d’Artemare j’au vu que le copain n’avait plus de jambes. J’ai ralenti pour l’attendre à l’entrée de Virieu. « Je suis cuit  mais vas-y, fonces ». « On se retrouve au bistrot » je lui réponds. J’ai attaqué la montée et au bout de 300 m mon alti affichait 10%. Il n’est pas descendu en dessous de 10% durant les trois prochaines bornes et tournait souvent à 12% avec de pointes à 14%. La forêt n’offre que très peu d’ombre à cette heure de la journée et j’ai senti que la combinaison de pente et de chaleur me ferait mettre pied à terre. J’ai fait quelques centaines de mètres « tout à gauche » 30X26 et j’ai compris que tout espoir d’y monter sur la vélocipède était terminé. J’ai donc rendu hommage au GC avec deux kilomètres de marche à pied. Mon alti a affiché 25% à un moment. Je suis assez habitué aux pentes extrêmes (nous avons plusieurs rue entre la Saône et la Croix Rousse où les % dépassent largement les 20% et vont jusqu’à 24%) mais jamais sur un telle distance. Je suis remonté en selle au carrefour pour aller au bout, les deux dernières bornes à l’agonie tout de même.

Au fait je voudrais attirer votre attention sur une anomalie au niveau de profiles. Sur celui de Champagne le dernier km est à 10.5% tandis que celui de Virieu il est à 10.9%. Il s’agit du même km n’est-ce pas ?

Si je ne suis pas le premier « rosbif » au palmarès puis-je prétendre au titre du plus lourd des fêles (si vous homologuez mon exploit). J’ai vu qu’un Belge a revendiqué 94kg. Je le bats de 4 kg pour 1m96.

J’ai fait pas mal de cols durs (je suis d’ailleurs « centcoliste ») mais le GC est vraiment dur et je tire mon casque a ceux qui montent par Virieu sans mettre pied au sol. Il n’y a peut être que le Mont du Chat (que je n’ai pas encore fait) qui peut le rivaliser en France.

Au final une journée mémorable et je reviendrai l’année prochaine pour tenter de devenir maître ou même grand maître en préparation pour mon challenge de 2006 : La Marmotte.

Salutations cyclistiques.

Christopher BISHOP - Juin 2005