4 faces pour mes 40 ans.

 

Quelques mois avant d'avoir 40 ans, je m'étais demandé quel défi je pouvais me lancer pour passer ce cap... assez vite, les Fêlés du Grand Colombier m'est apparu de manière évidente : 4 dizaines, 4 faces... de beaux paysages, de beaux dénivelés aussi... banco !

Après un entrainement assidu et sérieux (parce que près de 5000 m de dénivelé positif en une journée, ça se prépare...), me voilà au départ le 10 juin 2022, un peu après 7h du matin (et un petit café fort sympathique au tabac du coin), dans le village d'Artemare... quitte à faire les 4 faces, autant commencer par celle qui présente le fameux kilomètre à près de 20% de moyenne !

Profitant d'une énergie intacte et de températures fraîches en ce début de journée (une dizaine de degrés en bas), cette première ascension s'est finalement plutôt bien passée. Est-ce parce que je redoutais tellement les très forts pourcentages ? Ou est-ce simplement parce que ce n'était que la première ascension ? Toujours est-il que le passage rude à 20% est "passé crème", comme dirait l'autre...

Arrivé au sommet, le vent soufflait en rafales assez fortes, je n'y ai donc pas traîné et suis redescendu rapidement vers Culoz... quel froid ! Je n'ai clairement pas regretté d'avoir emmené manchettes, gants chauds et veste coupe-vent... sans cet équipement, je me serais clairement gelé le cuissard !!

 

L'ascension par Culoz, que j'avais déjà faite il y a quelques années, s'est elle aussi bien déroulée : j'en connaissais les endroits difficiles, les replats, c'était assez facile à gérer. Cette deuxième ascension fut par ailleurs agrémentée de pas mal de "rencontres" puisque j'ai successivement doublé tout un groupe du véloclub de Val Thorens, que j'ai retrouvé en haut ensuite et qui mettait une belle ambiance au sommet. C'était plus sympa que ma montée d'Artemare, effectuée absolument seul !

 

En tout cas, j'en étais à la "mi-temps" de mon défi, en ayant grimpé 2 des 3 faces les plus difficiles, il était temps de se poser pour recharger un peu batteries et estomac. Le vent soufflait encore assez fort donc les températures n'étaient pas folichonnes en termes de ressenti, mais la pause fit du bien malgré tout.

 

Après pas mal d'hésitations ces dernières semaines du fait de mes doutes sur ma capacité à enchainer les 4 faces dans la même journée, j'avais fini par choisir Anglefort comme troisième village de départ : ainsi, en cas de réussite sur cette troisième ascension, il ne me resterait plus que la face la plus facile pour terminer.

Cette troisième montée fut difficile : les températures en bas avaient bien grimpé (j'ai fait cette ascension de 14h à 16h, en gros), le vent était tombé, et quelques belles portions de montée étaient au soleil (même s'il faut souligner au final que cet enchainement Artemare-Culoz-Anglefort-Champagne me semble vraiment, en cas de soleil et chaleur, le meilleur compromis)... et surtout, cette montée, moins connue que Culoz (pour sa beauté et ses lacets dans les rochers) et Artemare (pour son passage à 20%), est rude elle aussi ! Après 6 premiers kilomètres à près de 10%, très réguliers et sans échappatoire ni réel point de vue, on rejoint la route de Culoz juste avant sa rampe à 14%. Bref, peu de répit sur les 9 premiers kms, c'était vraiment compliqué !

Néanmoins, sans aucun problème physique et avec un niveau d'énergie qui restait très correct, le moral restait bon car je sentais la réussite se profiler...

 

Nous y voilà : 16h, arrivée au sommet pour la troisième fois... j'étais donc à une ascension du statut de Grand Maître ;)

Une fois dégustée ma crêpe au caramel au soleil (délicieuse, d'ailleurs ! Une pensée pour les deux gérants du snack du sommet, super sympas et qui proposent, pour un snack d'altitude, de bons produits !), je redescendis vers Champagne-en-Valmorey, 4ème et dernier village départ.

 

Cette dernière ascension peut se scinder en trois phases : une première phase très agréable, dans un paysage champêtre, avec un soleil de fin de journée (il est 18h environ) donnant de belles couleurs à la nature, des températures chaudes mais soutenables, un vent qui s'était tu... c'était presque trop beau, et trop facile !

L'arrivée en forêt m'a rapidement ramené sur terre : revêtement rugueux, pourcentages encore ardus... elle se mérite quand même, cette face dite "la plus facile" ! Je m'accroche, je gère, j'ai le temps après tout, c'est la dernière.

Enfin, arrivé à la Selle de Fromentel (déjà passée en début de journée lors de la montée par Artemare), je sais qu'il restera encore 2 ou 3 kms compliqués à la fin, mais je sais aussi que ce sont les derniers, je sais que je vais finir, alors un large sourire et une certaine fierté m'accompagneront jusqu'au bout, malgré la fatigue qui pointe et les mollets qui commencent à durcir.

 

Voilà, il est aux alentours de 20h. Cela fait plus de 12h que j'ai enfourché mon vélo pour la première fois aujourd'hui, et j'en ai terminé de ma 4ème ascension. Je discute rapidement avec un couple venu en camping-car voir le coucher du soleil : heureusement qu'ils sont là, je me sens moins seul et ils peuvent m'aider à immortaliser ce moment en photo ! Je prendrais bien l'apéro avec eux, et ils me le proposent, d'ailleurs... mais il est temps de rentrer, la lumière baisse déjà...

 

Lors de la dernière descente, effectuée entre 20h20 et 20h45 environ, il aura fallu rester très lucide et attentif malgré la fatigue et la luminosité déclinante : un blaireau (non non, pas un cycliste peu sympathique, je parle bien de l'animal :)) puis une vache se seront mis en travers de ma route !

Cela me donne l'occasion de parler des descentes : en effet, on ne voit ce défi que par le prisme de ses ascensions, mais 4 faces à monter, hé bien ce sont aussi 4 faces à descendre. Et 60 kms de descente, c'est exigeant aussi, surtout avec ces pourcentages !

 

Me voici enfin en bas, il est presque 21h, cette longue journée se termine, j'aurai vraiment pris et mis le temps, mais c'est gagné !

Une belle façon de tourner la page de mes 40 premières années, qui ne furent pas toutes de tout repos... il me fallait bien ça pour me tourner vers l'avenir, et cela ne me serait venu à l'idée sans la confrérie et ceux qui l'ont créée et la portent, alors un grand merci pour l'idée et pour votre investissement, notamment dans le site qui fournit vraiment toutes les infos et permet de se préparer sereinement ! Merci, vraiment.

 

Pierrick GENARD – 10/06/2022

 

Quelques mois avant d'avoir 40 ans, je m'étais demandé quel défi je pouvais me lancer pour passer ce cap... assez vite, les Fêlés du Grand Colombier m'est apparu de manière évidente : 4 dizaines, 4 faces... de beaux paysages, de beaux dénivelés aussi... banco !

Après un entrainement assidu et sérieux (parce que près de 5000 m de dénivelé positif en une journée, ça se prépare...), me voilà au départ le 10 juin 2022, un peu après 7h du matin (et un petit café fort sympathique au tabac du coin), dans le village d'Artemare... quitte à faire les 4 faces, autant commencer par celle qui présente le fameux kilomètre à près de 20% de moyenne !

Profitant d'une énergie intacte et de températures fraîches en ce début de journée (une dizaine de degrés en bas), cette première ascension s'est finalement plutôt bien passée. Est-ce parce que je redoutais tellement les très forts pourcentages ? Ou est-ce simplement parce que ce n'était que la première ascension ? Toujours est-il que le passage rude à 20% est "passé crème", comme dirait l'autre...

Arrivé au sommet, le vent soufflait en rafales assez fortes, je n'y ai donc pas traîné et suis redescendu rapidement vers Culoz... quel froid ! Je n'ai clairement pas regretté d'avoir emmené manchettes, gants chauds et veste coupe-vent... sans cet équipement, je me serais clairement gelé le cuissard !!

 

L'ascension par Culoz, que j'avais déjà faite il y a quelques années, s'est elle aussi bien déroulée : j'en connaissais les endroits difficiles, les replats, c'était assez facile à gérer. Cette deuxième ascension fut par ailleurs agrémentée de pas mal de "rencontres" puisque j'ai successivement doublé tout un groupe du véloclub de Val Thorens, que j'ai retrouvé en haut ensuite et qui mettait une belle ambiance au sommet. C'était plus sympa que ma montée d'Artemare, effectuée absolument seul !

 

En tout cas, j'en étais à la "mi-temps" de mon défi, en ayant grimpé 2 des 3 faces les plus difficiles, il était temps de se poser pour recharger un peu batteries et estomac. Le vent soufflait encore assez fort donc les températures n'étaient pas folichonnes en termes de ressenti, mais la pause fit du bien malgré tout.

 

Après pas mal d'hésitations ces dernières semaines du fait de mes doutes sur ma capacité à enchainer les 4 faces dans la même journée, j'avais fini par choisir Anglefort comme troisième village de départ : ainsi, en cas de réussite sur cette troisième ascension, il ne me resterait plus que la face la plus facile pour terminer.

Cette troisième montée fut difficile : les températures en bas avaient bien grimpé (j'ai fait cette ascension de 14h à 16h, en gros), le vent était tombé, et quelques belles portions de montée étaient au soleil (même s'il faut souligner au final que cet enchainement Artemare-Culoz-Anglefort-Champagne me semble vraiment, en cas de soleil et chaleur, le meilleur compromis)... et surtout, cette montée, moins connue que Culoz (pour sa beauté et ses lacets dans les rochers) et Artemare (pour son passage à 20%), est rude elle aussi ! Après 6 premiers kilomètres à près de 10%, très réguliers et sans échappatoire ni réel point de vue, on rejoint la route de Culoz juste avant sa rampe à 14%. Bref, peu de répit sur les 9 premiers kms, c'était vraiment compliqué !

Néanmoins, sans aucun problème physique et avec un niveau d'énergie qui restait très correct, le moral restait bon car je sentais la réussite se profiler...

 

Nous y voilà : 16h, arrivée au sommet pour la troisième fois... j'étais donc à une ascension du statut de Grand Maître ;)

Une fois dégustée ma crêpe au caramel au soleil (délicieuse, d'ailleurs ! Une pensée pour les deux gérants du snack du sommet, super sympas et qui proposent, pour un snack d'altitude, de bons produits !), je redescendis vers Champagne-en-Valmorey, 4ème et dernier village départ.

 

Cette dernière ascension peut se scinder en trois phases : une première phase très agréable, dans un paysage champêtre, avec un soleil de fin de journée (il est 18h environ) donnant de belles couleurs à la nature, des températures chaudes mais soutenables, un vent qui s'était tu... c'était presque trop beau, et trop facile !

L'arrivée en forêt m'a rapidement ramené sur terre : revêtement rugueux, pourcentages encore ardus... elle se mérite quand même, cette face dite "la plus facile" ! Je m'accroche, je gère, j'ai le temps après tout, c'est la dernière.

Enfin, arrivé à la Selle de Fromentel (déjà passée en début de journée lors de la montée par Artemare), je sais qu'il restera encore 2 ou 3 kms compliqués à la fin, mais je sais aussi que ce sont les derniers, je sais que je vais finir, alors un large sourire et une certaine fierté m'accompagneront jusqu'au bout, malgré la fatigue qui pointe et les mollets qui commencent à durcir.

 

Voilà, il est aux alentours de 20h. Cela fait plus de 12h que j'ai enfourché mon vélo pour la première fois aujourd'hui, et j'en ai terminé de ma 4ème ascension. Je discute rapidement avec un couple venu en camping-car voir le coucher du soleil : heureusement qu'ils sont là, je me sens moins seul et ils peuvent m'aider à immortaliser ce moment en photo ! Je prendrais bien l'apéro avec eux, et ils me le proposent, d'ailleurs... mais il est temps de rentrer, la lumière baisse déjà...

 

Lors de la dernière descente, effectuée entre 20h20 et 20h45 environ, il aura fallu rester très lucide et attentif malgré la fatigue et la luminosité déclinante : un blaireau (non non, pas un cycliste peu sympathique, je parle bien de l'animal :)) puis une vache se seront mis en travers de ma route !

Cela me donne l'occasion de parler des descentes : en effet, on ne voit ce défi que par le prisme de ses ascensions, mais 4 faces à monter, hé bien ce sont aussi 4 faces à descendre. Et 60 kms de descente, c'est exigeant aussi, surtout avec ces pourcentages !

 

Me voici enfin en bas, il est presque 21h, cette longue journée se termine, j'aurai vraiment pris et mis le temps, mais c'est gagné !

Une belle façon de tourner la page de mes 40 premières années, qui ne furent pas toutes de tout repos... il me fallait bien ça pour me tourner vers l'avenir, et cela ne me serait venu à l'idée sans la confrérie et ceux qui l'ont créée et la portent, alors un grand merci pour l'idée et pour votre investissement, notamment dans le site qui fournit vraiment toutes les infos et permet de se préparer sereinement ! Merci, vraiment.

 

Pierrick GENART - 10 juin 2022