Récit d'une aventure hors norme

 

Moi Dominique du genre masculin je précise, avec l'ami Lionel, nous décidons de lancer l'assaut le samedi 24 juillet. Le temps annoncé n'est pas grand beau, mais nous éviterons les grosses chaleurs malgré quelques risques d'orage et de pluie prévus en fin de journée.
Lever 4 heure, petit déjeuner protéiné rapide et départ 5 heure pour une heure de route jusqu'au point de départ.
Nous stoppons la voiture au parking devant le camping et, dés que nous sortons, nous nous faisons agresser par une armada de moustiques affamés. Nous accélérons la préparation en gigotant et nous sautons sur les vélos à 6h15, direction Anglefort.

Sans connaître les lieux, qu'il est difficile de choisir le bon ordre des montées en fonction de la difficulté, de l'ensoleillement, et de la protection de la forêt ou non. J'ai pris cette décision qui n'est peut-être pas la meilleure :

1/ Anglefort

2/ Culoz

3/ Artemare

4/ Champagne

Si pour 2 et 4 cela ne fait aucun doute, pour 1 et 3 ce n'était peut-être pas le meilleur choix.

Après s'être chauffé sur 7 km, nous attaquons la montée à 6h35 tranquilou en mode pépouze. Nous sommes frais, il fait frais. Les 10 km à 10% sont facilement avalés, et nous voilà au sommet dans de bonnes dispositions à 8h20. Peu de monde à cette heure là au col. Poinçonnage, petites photos et nous repartons en direction de Culoz.

Après s'être fait secoué dans le début de la descente, petite photo de la vallée du Rhône, tournicotage dans les épingles, quelques cyclistes qui montent, et nous voilà à pied d’œuvre. Remplissage des bidons, poinçonnage, encore des cyclistes qui montent, et c'est reparti toujours super motivés à 9h. Petit coup de chaud au-dessus des lacets. Ça passe mais on imagine ce que ça peut donner à des heures plus chaudes. Les ressauts au delà de 10% sont toujours dur à avaler mais on arrive toujours en bonne forme au sommet à 10h55 en s'étant fait doublé sur la fin par des avions de chasse super affûtés. Là, on se fait une pause coca, et décision est prise de manger après la montée d'Artemare : peut-être une nouvelle erreur. Nous descendons la section droit dans le pentu et on imagine aisément ce que ça va donner dans l'autre sens, surtout que le revêtement est loin d'être un billard. En bas de la descente, comme d'habitude, le plein d'eau, le miam miam et le poinçonnage, tralalalalère, on peut encore sourire, ça ne va pas durer. Lionel est inquiet pour un genou mais on repart, il est 11h50. Un gars sympa nous rattrape, on papote, il va sur le col de la biche, il nous souhaite bon courage et s'en va d'un coup de pédale franc et efficace. Lionel me dit d'y aller il est sur le moins bien. Pour moi la balance est en équilibre, donc je pars, d'autant plus que j'ai un joker. J'ai changé ma cassette 34 pour une 40 en prévision de faire de l'itinérance : bon choix. Dès le 14% et jusqu'au croisement de Lochieu je vais passer sur le 40 et monter en zigzag assis sur la selle : je n'en voyais pas la fin et j'ai pensé plus d'une fois poser pied à terre. Au carrefour, je m'arrête, j'ai les pieds en feu, j'ai soif, j'ai faim, mais ça va pas trop mal. Je repars et trouve la dernière ligne droite ardue mais le mental fait ce qu'il faut pour déboucher au col. C'est vrai qu'il ne faut pas trop regarder cette croix tout là haut. Je me suis quand même arrêté pour faire deux photos, pas plus. Arrivée au sommet à 13h54.

Lionel arrive 10mn plus tard, il a pris une méga fringale dans la partie raide. Obligé de s'arrêter, il a du se ravitailler, un max. Ensuite il a fallu marcher, et il en a profité pour flinguer une cale, mais il a fini en pleine forme, complètement requinqué.

Nous décidons de manger, panini et orangina. En attendant que le repas arrive, il durcit sa pédale et redresse le devant de sa cale. La fatigue commence à se faire sentir, ainsi qu'une certaine lassitude à être assis sur la selle et à appuyer sur les pédales comme des forcenés dans ces pentes impossibles. Nous croisons les doigts pour que le matériel et les hommes tiennent le coup. Au loin il y a des nuages noirs, mais la dame qui tient le relais casse-croûte nous rassure, le vent souffle du bon côté, donc du notre: c'est cool.

Nous attaquons la descente avec en tête la der des der « 19km 1000M ». Dans la descente il nous faut remonter plusieurs fois mais dans l'autre sens ça sera des descentes : glop glop.

A Champagne nous ne faisons que pointer, il n'y a pas d'eau en vue et Lionel a vu des bassins dans un village au-dessus, moi je n'ai rien vu, c'est mauvais signe.

Nous repartons en sens inverse il est 15h17. A Lochieu nous faisons le plein d'eau et redémarrage illico. Lionel est devant et je n'arrive pas à tenir sa roue. Juste avant le croisement, en pleine saturation de pentes raides, me demandant ce que je fous là, je prend une grosse suée signe d'une fringale imminente. Je sais que le carrefour n'est pas loin mais je ne peux plus. Je m'arrête, je mange un gel, je bois, je souffle et je repars. Je verrouille le cerveau sur « mental à bloc », et j'appuie sur les pédales en visualisant mon arrivée au sommet. Je serre les dents mais je sais que c'est gagné. J'évite de regarder trop la croix au sommet, et dans la dernière ligne droite, au bout de l'effort, un jeune me double en me disant « c'est dur, pas assez de bornes dans les jambes ». Je n'ai pas la force de lui répondre et je continue ma pénible avancée, 11% quand même. Dès la deuxième montée j'avais mis l'affichage de la pente sur ma montre pour bien intégrer ce que j'étais en train de faire. Je débouche enfin au col, vidé mais heureux, il est 17h13. Lionel discute avec ce cycliste de la dernière heure qui nous félicite et nous prend en photo.

La dernière descente sera prudente. Lionel qui est un très bon descendeur m'a toujours attendu, dans toutes les descentes, et je l'en remercie. Il devait être inquiet à l'idée que je rate un virage et ça se comprend au vu de mon niveau dans ce sens.

Nous arrivons enfin à la voiture, bien secoués par ce défi, qui pour nous est un peu hors norme. Mais nous sommes quand même sacrément fiers d'avoir enchaîné les quatre montées en sachant que ce n'est pas demain que nous allons retenter un challenge de cette envergure.

Il nous aura quand même fallu 11h36 y compris les pauses, 9h52 assis sur la selle à pousser sur les pédales, pour venir à bout de cet enchaînement.

Un autre bilan ultra positif de cette journée, c'est le peu de voiture que nous avons croisé. C'est vraiment très agréable de ne pas respirer du gaz d'échappement à tout va, ni d'être obligé de se serrer sans cesse sur le bas côté car les routes sont étroites.

Il ne reste plus qu'à rentrer, boire une bonne binouze pour fêter ça, prendre une bonne douche, manger, se réhydrater, et se reposer car le corps en a bien besoin.

 

Lionel VOINOT et Dominique GIOVACCHINI ont réussi l’enchaînement des quatre montées du Grand Colombier le 24 Juillet 2021