Le Défi Bugiste

 

J’aime la montagne, le vélo et les défis personnels ce qui m’a conduit , il y a de cela quelques années, à devenir Fêlé du Colombier. Depuis lors, les courriels de Michel PELISSIER m’ont appris que certains Fêlés, sans doute encore plus Fêlés que les autres, s’amusaient à faire huit fois le Grand Colombier dans la journée. Ce n’est pas à ma portée mais le Défi Bugiste me tentait. Pour réussir, il ne suffit pas d’en avoir envie, il faut aussi être suffisamment entrainé, ce qui n’est pas toujours mon cas.

Tout de même, cette année, un Lyon – Mont Blanc –Lyon effectué sans trop de peine, m’a fourni une bonne entrée en matière. Un entraînement à base de côtes réputées m’a permis d’améliorer encore ma forme.

 Ce jeudi 23 juin, j’ai fait deux fois la Chartreuse de Portes, et, entre les deux, le Grand Colombier par Artemare… sauf que je n’ai pas pu aller au sommet, la route étant en réfection pour cause de Tour de France. Allais-je pouvoir passer ? Je décide de partir le 1er juillet, la météo étant favorable, internet ne mentionne pas de travaux.

Le Grand Colombier par Champagne

C’est l’ascension la moins difficile mais la plus longue. Elle commence par une descente, ensuite la route monte de plus en plus avec des portions plus faciles. Je part vers 4h25 du matin !

Les petites routes du Bugey sont en général peu fréquentées, mais entre Lochieu et le sommet, le vendredi vers 5h du matin, on a l’impression d’avoir presque autant de chances de rencontrer un rhinocéros qu’un bipède !

Le jour arrive progressivement. Le soleil est sur le point de se lever quand je franchis le sommet. La descente sur Culoz est … rafraîchissante ! Je grelotte en arrivant en bas, la montée me réchauffe vite…

 

Le Grand Colombier par Culoz

La première partie est une des plus belles routes que je connaisse. Le panorama sur le Plateau d’Hauteville, la Chartreuse de Portes, le Mont du Chat, le Revard, la Chautagne, le lac du Bourget, le Rhône, le Canal de Savières, et plus loin la Grande Chartreuse et les Alpes est somptueux. Le marais de Lavours est recouvert d’un épais brouillard. Le soleil est encore dissimulé par la montagne et la montée est agréable. En arrivant au sommet, un nuage se forme, dissimulant le paysage.Il ne disparaîtra qu’en milieu d’après midi.

Après une nouvelle descente réfrigérante, j’arrive à Champagne où je me débarrasse de mes manchettes, jambières, éclairage, et même de mon tee shirt après avoir hésité. Mais j’ai un coupe-vent dont je ne me passerais que lors de la dernière descente. Je compléte aussi mon ravitaillement en oubliant un de mes deux bidons dans la voiture.

 

Le Col de la Biche Ouest

Le Col de la Biche est une énigme géographique. Il existe sur le terrain, il y a une pancarte, seulement elle est situèe deux kilomètres avant la distance indiquée à Lochieu ! et l’altitude indiquée est fausse de 15 à 20 mètres.

Après la pancarte, il y a une descente puis une remontée avec un nouveau col. Celui là est à la bonne altitude mais il n’a pas droit à une pancarte. La carte Michelin mentionne bien un Col de la Biche mais la carte IGN au 1/25000ème ne connaît qu’un « Golet de la Biche » situé à l’endroit de la pancarte. Le vrai col géographique est le deuxième puisque situé sur la crête principale. Tout ceci ne change rien au fait qu’il faut le franchir deux fois…

Dans la descente, une méchante surprise m’attend. La route a été refaitesur les 4, 5 derniers kilomètres, avec un tapis de gravillons. Dans une descente à 10% , je finis à 25km/h, les mains crispées sur les freins…

 

Le Grand Colombier par Anglefort

Le vent du sud c’est levé mais la route entre Giniez et Anglefort est plutôt en descente. Il commence à faire chaud, heureusement, il y a pas mal d’ombre et le pourcentage est assez régulier. Dans la descente, je m’arrête à la fontaine. Mon bidon était encore à 1/3 plein mais j’avais très soif. Je ne connaissais pas la petite route par Talissieu, il y a un beau paysage.

A Artemare, il y a une fontaine décorative. Il y a un robinet d’eau potable à coté mais il a été supprimé !

 

Le Grand Colombier par Artemare

C’est la montée la plus courte mais la plus difficile, la vraie ! Jusqu’à Virieu le Petit, c’est une côte facile mais très peu ombragée. Je refais le plein à une fontaine dans le village, ensuite, je tourne à droite et enclenche immédiatement mon plus petit développement (un 33 X 32). Les trois premiers kilomètres après Virieu sont parcourus en 22’30 , avec beaucoup de mal sur la fin. Je m’arrête quelques minutes, bois abondamment, et j’attaque la partie vraiment difficile. Cela ce passe mieux que je ne pensais, je ne roule jamais à moins de 6km/h. Il me faut 13’30 pour faire 1,5km. Je m’arrête à nouveau à la fontaine avant de terminer assez facilement l’ascension.

Je commence à avoir mal au poignet, surtout dans les descentes. Il faut presque constamment freiner sinon on se retrouverais vite à 70-80 km/h et le risque de chute grave ne serait pas négligeable.

 

Le Col de la Biche Est

Il fait de plus en plus chaud. L’ascension du Col de la Biche commence par 300m à 12-14% dans les gravillons et la chaleur. Je suis fatigué et je n’arriverais jamais à prendre un bon rythme. Je m’arrête plusieurs fois et je suis obligé de monter à l’énergie. Ce n’est plus vraiment un plaisir. Tout de même, après les 4,5km gravillonnés, l’altitude et un peu plus d’ombre aidant, cela va de mieux en mieux et je termine assez bien. 13h40 pour 208km, la moyenne n’est pas terrible mais cela ne compte pas…

 

Je redoutais les crampes, les blessures à la selle et les douleurs aux genoux et aux poignets. Je n’ai eu droit qu’aux douleurs, de façon intermittente et supportable. Les descentes sont pour moi presque aussi difficiles que les montées. Un grand merci à Michel PELISSIER pour organiser cette belle randonnée au cours de laquelle j’ai rencontré deux lièvres, deux chevreuils et deux renards, dont l’un, malheureusement, tué par une voiture.

 

Alain GARY  - juillet 2016