A refaire ou pas !

 

Ce 13 Juillet 2013 au matin en rejoignant Anglefort point de départ de ma tentative, j’ai le même état d’esprit qu’un jeune marié qui aurait laissé partir sa jeune épouse en voyage d’affaire avec Dominique Strauss Kahn, à moins que ce ne soit sa grand-mère richissime qui devient ami de Nicolas Sarkozy , ou pire qu’il ait confié la gestion de ses économies à un élu de la république.
Bref vous m’avez compris le doute m’habite.
Mais comme elle je vais profiter de ce réveil matinal pour me dresser sur les pédales et pouvoir jouir de ces pentes impossibles.
Il est 6h00 quand je verrouille les portes de ma voiture, à 6h03 Je badge à Anglefort.
A peine sorti d’Anglefort je croise un blaireau qui me coupe la route, il ne va pas très vite mais je n’ai pas le temps de sortir mon appareil photo pour immortaliser l’événement.
Cette première montée se passe sans aucun autre élément marquant, je m’économise sauf dans les 2 derniers kilomètres ou j’accélère un peu car je m’ennuie.
Au sommet je croise 2 cyclistes qui sortent de leurs véhicules, ils me disent qu’ils avaient prévu de devenir grand maître. Mais ils doutaient de pouvoir accéder à ce grade car la route coté Artemare par laquelle ils arrivaient avait été gravillonné la veille et était à leur avis impraticable en vélo.
Pour ceux qui ont suivi le premier épisode de mon aventure défi bugiste comprendront que la rage se soit emparée de moi. Je les quitte en les saluant à peine, arrivé aux granges de Fromentel, leurs dires se confirment, il y a des panneaux indiquant gravillons, peu importe je rejoins Artemare en passant par la route de droite. Je suis prudent dans cette descente car par moment il y a de gros caillou sur la route. Soudain je suis obligé de freiner violement car un lièvre me coupe la route grosse frayeur, plus bas j’apercevrais une buse géante dans un champ de blé.
A 8h30 alors que je reprends mon ascension en direction du géant du Bugey j’ai une pensée pour cet ami portugais qui un jour m’a dit, si tu veux voir des animaux tu ne vas pas dans le Bugey mais tu prends ta voiture et tu barre au Zoo.
Vous avez compris maintenant pourquoi l’Europe va si mal.
Peu avant d’arriver à Virieu le petit je me dis que je pourrais passer du coté de Champagne et que personne ne le saurais point barre.
Mais je me dis que plus tard si il y avait enquête de la Police ou de l’USADA ‘’en aurais d’assez grosses.’’
Peut-être que je ferais comme Virenque, Armstrong, Cahuzac et consort, je me mettrais à table, avouerais tout en pleurant, à moins que je ne fasse comme Moulin avant eux.
N’étant pas sûr de mon héroïsme je me dirige du coté gravillonné. La route n’est pas impraticable mais difficile, il faut aller soit sur les bords de la chaussée soit suivre les traces que les voitures ont laissées.
Cette montée se passera relativement bien, une fois encore un lièvre fera la course avec moi.
Dans la pente à 22% j’ai soudain envie de tousser, je me rends compte que c’est la poussière que je produis en montant qui m’irrite le gorge, ma roue avant est toute blanche.
Bref j’arrive à bout de cette ascension (‘’qui n’est pas espagnol’’) sans avoir l’impression d’avoir perdu du temps à cause de cette péripétie.
A ma surprise il y a beaucoup de monde au sommet, c’est la journée réservée aux cyclistes.
Je récupère un bracelet souvenir, mange 2 ou 3 madeleines accompagnées de 2 carrés de chocolat, puis je descends sur Anglefort.
Puis je pars en direction du col de la Biche. Sur la nationale je passe devant l’enseigne d’un électricien nommé Aymerie.
Je l’aurais plutôt vu astronaute. Eh oui il tutoie les étoiles Aymerie.
Plus tard je profite de cette montée pour penser à plusieurs biches que j’ai bien connues.
Plus particulièrement à une qui savait souligner aux crayons noirs ses jolis yeux.
Voilà bientôt trente ans que nous paissons dans les mêmes prairies. Certains se demanderont peut être à quoi ça sert de parler de ça. Ou cerf après tout je ne sais plus.
Ce col je le passe pas si mal que ça mais je le trouve interminable, de plus il y a une course cycliste junior qui va bientôt passer vu les fléchages que je vois, j’ai peur d’être pris dans cette course et d’être arrêté par les motards de la gendarmerie ou autre.
Il n’en n’est rien personne ne me rattrape je double même 2 cyclistes.
Malgré tout je me sens fatigué, j’en ai marre, je me demande ce que je fous là.
A champagne, je prendrais 2 cafés et un coca au bar, je compte sur ça pour booster mon énergie.
Les doutes que j’avais ce matin avaient pour source le fait que depuis 3 semaines je n’avais fait que des sorties inférieures à 50km, et de plus coté travail j’ai eu deux dernières semaines très chargées très stressantes.
Cela se confirme, je suis fatigué, je manque d’endurance, je manque de motivation, pour ce genre de challenge ou le moral fait 200% de la performance et l’état de fraicheur les derniers 150% manquants.
La remontée sur le grand colombier se fera sans énergie sans envie. Arrivé sur le toit du Bugey je n’ai plus qu’une envie rejoindre la voiture et rentrer chez moi.
Même en descente je manque d’énergie, j’ai du mal à freiner j’ai froid, bref mauvaise journée.
Ce sera aussi le cas pour un enfant de Culoz qui ce même jour perdra son titre de champion de France dont il était propriétaire depuis 4 ans. Battu par Vicaut un gars qui la patate, ou tout du moins la frite
Bref encore un échec et je ne sais pas si j’aurais cette année l’opportunité de consacrer une journée entière au vélo d’autant que j’ai envie d’autre chose que de Bugey.
Malgré tout j’ai fait 3 faces du grand colombier + 1 Biche soit 137,6 km et 5100m de dénivelé positif.
A bientôt ou à jamais.
J’aimerai bien être le 52 ième au palmarès allez donc savoir pourquoi.

Christian PEYROT - juillet 2013