Trois tentatives pour quatre montées.

 

A l’aube de 2011 il fallait que je choisisse un ou des objectifs cyclistes.

 

Pour mes 48 ans c’était simple j’avais décidé de faire le tour du mont blanc en 2 jours. C’était l’opération 48-07 pour 48 ans en juillet et 4807 pour le Mont Blanc un raccourci facile.

 

Pour mes cinquante ans faire une sortie de 500 km j’avais déjà fait alors quoi ?!

Grace aux liens du VCA j’ai découvert les fêlés et je me suis dit qu’il serait bien que je vive la seconde partie du siècle en étant GRAND MAITRE. Il m’était possible de prendre une semaine de vacances en juin, j’allais donc en profiter pour peaufiner ma condition en allant faire des cols pyrénéens et tenter le colombier en juillet.

 

Dès janvier je commençais le vélo en m’entrainant avec les coureurs de Seynod, puis j’enchainais avec le groupe des sportifs du VCA. Courant avril j’étais content de moi je sentais bien la saison. Quand début mai patatras je tombe malade.

Malaise, hospitalisation, arrêt du vélo car ça peut être une raison de mes problèmes, reprise du vélo, problème qui se poursuit, examen sous anesthésie générale, un peu de vélo. Bref 200km de vélo en Mai, 700 en juin mais beaucoup dans de mauvaises conditions. Puis fin juin ça va presque bien sans que l’on sache pourquoi.

Début juillet je n’ai pas pu aller dans les Pyrénées, j’en profite pour prendre une journée de congé, Je gravis 3 fois le Semnoz en guise de test, comme tout se passe bien je décide de faire une tentative le 10 juillet.

 

Un de mes amis Bertrand est intéressé lui aussi, nous nous donnons rendez-vous à 7H00 à Artemare. La météo annonce des orages pour après 17H00 ça devrait passer, enfin à voir. J’ai décidé de ne pas utiliser la carte de pointage et de valider à l’aide de photo des divers panneaux.

 

Nous nous lançons dans l’ascension, dans la partie très pentue Bertrand préfère monter à pied pour s’économiser. Je monte tranquille mais je sens qu’il fait très humide, arrivé sur le replat un éclair déchire le ciel suivi d’un grondement de tonnerre. J’attends Bertrand, à son arrivée nous reprenons l’ascension sous un ciel noir et une pluie fine, arrivé au droit de la cabane le ciel se déchire et des tonnes d’eau tombent sur nous. Je pousse la porte de la cabane elle est ouverte à l’intérieur, une table des bancs, une cheminée, des journaux. Nous glissons les journaux sous les maillots pour éponger l’eau et notre sueur, et nous restons assis 1H30 à attendre que l’orage cesse. Une fois les nuages vidés nous reprenons notre ascension après le passage canadien nous finissons dans le brouillard et le crachin. Arrivé au sommet nous plongeons sur Culoz, dans la descente le ciel est parfois clair parfois noir.

 

Avant de reprendre l’ascension nous demandons conseil à un habitant de Culoz qui nous dit que quand le ciel est comme ça c’est la pluie assurée. Pour ponctuer sa phrase un déluge s’abat sur nous, nous décidons de retourner sur Artemare par la nationale. Bilan tentative avortée mais juillet n’est pas fini. Au retour sur Annecy la route est semi- inondée entre Culoz et anglefort, Les fossés du mont des princes sont couverts de grêle. Nous décidons de reprogrammer ça pour le 16-juillet.

Mais voilà le 12 pendant la nuit, mon épouse inaugure les coliques néphrétiques, nous finissons la nuit à l’hôpital. Le 16 nous décidons de faire la montée de Culoz et celle d’Anglefort, comme cela nous aurons fait les 3 ascensions les plus dures. Et nous serons rentrés tôt à la maison afin de jouer les nounous.

Donc rendez-vous à 7H00 à Culoz. Mon fils s’est joint à nous, c’est sans problème particulier que nous devenons tous les trois membres. Mais cela n’intéresse personne, Je pense qu’il n’y aura pas d’autres tentatives et que malgré tout on se sera fait plaisir sur les pentes exigeantes de ce col atypique. Mais j’avais dit que je le ferais alors je voulais le faire, je ne suis pas breton, je suis obstiné. Il se trouve que je pouvais prendre une demi-semaine de vacances supplémentaires. Bertrand installait son fils à Toulouse le lundi, mardi et mercredi, puis partait en vacances le vendredi.

Le jeudi 4 Aout était choisi, et là je savais que c’était la bonne.

 

Le rendez-vous était fixé à 7H30 à Artemare car je devais déposer mon fils à son travail avant de rejoindre le pied du colombier. Il doit être 7h45 quand je poinçonne ma carte à Artemare, Bertrand qui m’accompagne ne désire pas rejoindre le palmarès. Il veut simplement réaliser 3 ascensions et compte partager ce moment avec moi. Comme lors de notre première tentative, il devient piéton le temps des forts pourcentages, je l’attends en faisant des allers retours sur le replat. Dès qu’il me rejoint nous finissons notre première ascension. Au sommet, petite collation puis direction Culoz.

 

Petit coup de pince puis nous remontons.Bertrand monte moins vite que moi, mais j’ai du mal à l’attendre, je n’ai pas récupéré totalement de ma sortie de dimanche, j’ai mal aux jambes. La décision de faire les fêlés n’a été prise que le lundi quand le créneau temps s’est libéré. Je monte donc à mon rythme et je l’attends sur le replat. Après le croisement d’Anglefort même musique, je reprends mon rythme et Bertrand le sien. Sur le replat je ralenti mais il ne me rejoint pas alors je poursuis seul jusqu’au sommet. Quand il arrive c’est midi nous prenons donc une collation plus solide avant de redescendre sur Anglefort .Avant de descendre je mendie un bidon d’eau à un marcheur. Arrivé au bas de la route encore un petit coup de pince et c’est reparti. Bertrand me dit très vite qu’il n’est pas bien, qu’il a la tête à ses valises, qu’il mettra la flèche au croisement pour descendre sur Culoz et rejoindre Artemare par la nationale. Il me dit de le tenir informé par SMS, je le salue et je me lance à l’assaut du sommet. Il fait chaud, mais je suis bien et je monte sans retenue, je rejoins le sommet sans anicroche. J’arrive au sommet légèrement déshydraté mais sûr de mon coup je serais fêlé à moins d’une Catastrophe.

 

Je descends sur Champagne, je ne sais pas pourquoi je ne suis pas les flèches Lochieu si bien que dans un village je m’égare un peu. Mais je fini par arriver à Champagne je poinçonne, puis poursuis jusqu’à la place du village. Je prends 2 coca dans un bar et je fais remplir mon bidon. Puis je m’attaque à la dernière montée.

Je veux la savourer cette montée, car quand ce sera fini se sera trop tard pour vivre l’instant. Mes pensées vagabondent, je me dis que je ne pourrais pas travailler chez Lustucru. (car il n’y a pas de(d’oeufs) fêlés chez Lustucru….) Je suis fatigué mais pas épuisé je monte doucement mais sûrement, j’en arrive même à regretter que cette montée ne soit pas à la hauteur des 3 autres. Le sommet arrive c’est fini, ou presque.Je descends tranquillement sur Artemare.

A 18H18 (ça ne s’invente pas…) j’envoie un SMS pour annoncer mon nouveau statut.

Le lendemain j’envoyais depuis mon lieu de vacances la carte poinçonnée.

Je n’avais pas réalisé de façon très sportive ce challenge, mais j’avais pris du plaisir.

J’avoue être tenté par le défi bugiste pour l’année prochaine.

 

Christian PEYROT -04 août 2011