LE TELEGRAMME - Juillet 2016
Le Colombier, l'autre Ventoux.
Le Grand Colombier, sommet de l'Ain méconnu du grand public, vit dans l'ombre du Ventoux, star du Tour de France. Il lui ressemble pourtant en tous points, comme l'explique Maxime Bouet, qui a grandi à son pied.
Que les grimpeurs frustrés par l'amputation du parcours sur la partie supérieure du Mont Ventoux jeudi, lors de la 12e étape, en raison des vents violents, soient consolés. Une session de rattrapage a lieu dimanche, toujours près de la vallée du Rhône, mais environ 250 kilomètres plus au Nord.
" Plus difficile que le Ventoux "
Le Grand Colombier se profile avec ses 12,8 kilomètres à 6,8 % de moyenne. Un pic à 1.501 mètres d'altitude que le peloton gravira d'abord en venant de l'Ouest, avant d'entamer un circuit qui le fera descendre à Culoz, puis le ramènera à mi-hauteur (891 m) avant une nouvelle descente vers cette ville.
"Pour moi, c'est une étape beaucoup plus difficile que celle du Ventoux", estime Maxime Bouet, qui a grandi à Artemare, "au pied du versant le plus dur", et a démarré le vélo à Culoz. "Il y a beaucoup de dénivelé, une succession de montées et de descentes. Je suis certain qu'on aura perdu la moitié du peloton après la première montée", parie Bouet, qui n'a pas été retenu par Etixx sur ce Tour.
Les points communs avec le Géant de Provence sont légion: de hauteur moyenne (1912 m pour le Ventoux), les deux monts constituent un massif à part, distinct de la chaîne des Alpes. Comme le Mont Chauve, le Grand Colombier "est aussi assez lunaire. Il y a d'abord 10-15 kilomètres dans la forêt et, après, plus du tout d'arbres sur les 4-5 derniers kilomètres", détaille Bouet. "La distance et les pourcentages de montée sont similaires aussi. Au sommet, on a également une vue imprenable à 160 degrés. Autre point commun: c'est très difficile d'entrée et il y a un léger replat au milieu. La montée est irrégulière, ce que les grimpeurs apprécient: il y a du changement de rythme, du changement de braquet. Ca fait la différence entre les purs grimpeurs et les grimpeurs-rouleurs", analyse le coureur originaire de l'Ain.
"Tombé amoureux"
Toutes ces ressemblances rendent encore plus frappant le différentiel de notoriété. "Le Grand Colombier est un col trop méconnu", déplore le local. Pourtant, il constitue régulièrement le plat de résistance du Tour de l'Ain. "C'est difficile de faire l'arrivée en haut, où la route est vraiment petite. Et en bas, la route était mauvaise, explique Bouet. Mais certains endroits ont été regoudronnés. Heureusement, car la descente par Culoz est très dangereuse, avec des passages à 20 %.
" Le Tour de France l'a finalement découvert en 2012. "L'organisateur est tombé amoureux", se rappelle Bouet, qui avait observé ce coup de foudre à domicile, étant dans le peloton cette année-là. C'est le mistral, finalement, qui constitue la principale différence. "Ce n'est pas du tout une région à vent. Dans la vallée du Rhône, il y a beaucoup de vent mais, dans le nord de Rhône-Alpes, non. La région de Culoz est boisée", explique Bouet. Rien à voir avec le Mont Ventoux, où les rafales soufflaient à plus de 100 km/h mercredi, à la veille de la 12e étape.
Dimanche, le circuit, qui fera repartir les coureurs pour 8,4 kilomètres d'ascension à 7,6 % de pente moyenne, promet de faire des dégâts. "C'est comme s'ils remontaient au Chalet Reynard", le lieu-dit qui a servi de ligne d'arrivée jeudi, précise Bouet dans une dernière référence au Mont Ventoux. Cet enchaînement redoutable n'a pas échappé aux coureurs. "Pour moi, c'est l'étape la plus dure du Tour, il n'y a pas photo là-dessus", estime le champion de France Arthur Vichot. "Il n'y a que 160 kilomètres et, toute la journée, c'est montée-descente avec des cols difficiles et assez courts. Quand ce sont des cols longs, il n'y en a que trois ou quatre et on peut prendre le rythme d'un groupe. Mais là, je pense que ça va être un peu chacun pour soi. Ça va être très compliqué pour tout le monde."
Christopher Froome devrait apprécier le Grand Colombier.